Avant la crise sanitaire, 7 % des salariés affirmaient avoir expérimenté le télétravail, jusque-là l'apanage des freelances et des travailleurs indépendants. Depuis les confinements successifs, 33 % des salariés exerçant des fonctions télétravaillables disent y avoir eu recours.
La décentralisation du travail
D’abord à la maison, la décentralisation qu’offre le travail à distance a favorisé l’activité professionnelle dans des lieux plutôt insolites jusque-là. Aujourd’hui, les hôtels, les transports, les commerces, les équipements publics et bien sûr les espaces de co-working forment la nouvelle alternative au traditionnel second lieu considéré comme l’entreprise par le sociologue américain Ray Oldenburg, à l’origine du concept de “third place”.
1 700
espaces de co-working en 2019 contre 40 en 2011
Si l’engouement des travailleurs est en partie responsable de cette multiplication des espaces de travail (1 700 en 2019 contre 40 en 2011), l'État, en France, participe considérablement à ce nouveau maillage territorial du travail grâce aux aides publiques destinées aux projets de créations de tiers-lieux, labellisés “Fabriques de Territoire”. Ne nous y trompons pas, le travail en distanciel hors du domicile et de l'entreprise recouvre bien des enjeux. D’abord, du point de vue des flux des populations dans les régions, puis du confort qu’il représente pour les collaborateurs, devenu un argument presque indispensable des recruteurs pour rester attractifs auprès des futurs collaborateurs. Ce nouveau modèle de travail prend tout son sens dans le Saint Roch Social Club, un immeuble tertiaire innovant qui répond aux attentes des collectivités pour dynamiser le nouveau quartier Saint Roch de Montpellier. 7 300 m² hybrides consacrés au coworking mais aussi au co-living - colocation avec chambre privée mais espaces communs - lieux de détente pour les riverains, et agriculture urbaine.
Quels sont les principaux atouts des tiers-lieux pour les collaborateurs et les entreprises ?
Les salariés y ont vu l’opportunité de s’émanciper vis-à-vis de leur entreprise, arguant une meilleure conciliation de leur vie professionnelle et personnelle tout en marquant une séparation entre domicile et lieu de travail. Ces tiers-lieux offrent un véritable espace de travail de qualité, chose que déplorait un tiers des actifs après plusieurs confinements et de longs mois de travail à domicile. Ainsi, les collaborateurs ont pu segmenter leurs journées grâce à l’hybridation des bâtiments. Des salles de sport ont installé des bureaux dans leurs locaux afin d’offrir la possibilité à leur abonnés de reprendre une tâche et d’être de retour rapidement à leur poste de travail après leur séance.
Par ailleurs, les tiers-lieux en complément du domicile et du bureau répondent à un besoin de proximité des collaborateurs et de réduction des mobilités domicile/bureau. Quant aux entreprises, aussi en quête de flexibilité, elles y voient la possibilité de réduire les coûts immobiliers qui constituent leur 2ème poste de dépenses. Sans compter que la diminution des temps de transport participe à limiter l’impact carbone des collaborateurs, une priorité pour les entreprises . Ces nouveaux modèles économiques restent malgré tout encore au stade de l’expérimentation, parce qu’ils demandent aussi de conserver l’interaction entre collaborateurs et l’esprit d’équipe qui fait toute la sève et la réussite d’une organisation.
