
D’ici 2050, 7 personnes sur 10 seront amenées à vivre en milieu urbain. Face au défi démographique et à la croissance des aires urbaines, la ville voit sa morphologie se transformer pour s’élancer toujours plus loin vers le ciel. La surélévation des habitations permet de limiter l’étalement urbain et de répondre à une partie des solutions pour freiner l’artificialisation des sols. En quoi la ville verticale apparaît comme une évidence pour faire face à la croisée de nombreux enjeux d’avenir, aussi bien climatiques qu’environnementaux ? Une évidence, néanmoins, qui peine à voir le jour.
La ville verticale : pour vivre mieux, vivons perchés
Si New-York, Singapour ou Hong-kong sont les dignes représentantes de ces villes monumentales qui semblent percer le ciel, ces silhouettes pourraient se multiplier ailleurs dans le monde pour résoudre la densification horizontale du tissu urbain. Face à l’accroissement de la population mondiale qui devrait atteindre selon l’ONU 10,4 milliards de personnes d’ici 2080, la ville verticale joue son va-tout pour tenter de combiner qualité de vie, durabilité des infrastructures et conservation des terres arables pour entretenir si ce n’est une souveraineté alimentaire, au moins un circuit local. À l’heure où le modèle pavillonnaire devient incompatible avec les enjeux écologiques actuels, la surélévation des bâtiments et la ville verticale apportent des solutions qui dépassent son champ d’action. En effet, vivre en hauteur facilite la concentration. Dans un même bâtiment ou éco-quartier, il devient alors possible d’y faire ses courses, travailler, se soigner et se détendre tout en limitant les distances à parcourir. Les mobilités douces sont ainsi favorisées et cette verticalité participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Tutoyer les cimes pour améliorer la qualité de l’air et restaurer les sols naturels ? On dirait bien.
Remodeler la ville pour en faire une forêt urbaine ?
Dotés des dernières technologies pour être encore plus durables, les bâtiments profiteront des innovations à la pointe en termes d’isolation thermique, énergie solaire et autres systèmes de récupération de l’eau de pluie et de ventilation naturelle. Autrement dit, la ville verticale se veut résiliente parce qu’elle entend bien apporter sa pierre à l’édifice de l’habitation collective mais également restaurer ou compenser les écosystèmes dénaturés par l’artificialisation des sols rendus inévitables par l’agriculture intensive. Si l’humain peut s’enraciner à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, architectes, urbanistes et paysagistes sont prêts à parier que l’on peut aussi y planter des choux. Les jardins verticaux et les fermes urbaines peuvent être intégrés à la ville verticale pour produire des aliments locaux et frais de manière plus durable, en réduisant la dépendance aux aliments importés et la boucle des transports. La ville verticale fait également écho à la ville éponge, inspirée par la nature, pour faire face au changement climatique. Les espaces verts et les jardins urbains participent à la perméabilité et à la porosité des sols, condition indispensable pour espérer lutter contre les inondations et les îlots de chaleur urbaine. Seulement voilà, il est difficile de rapprocher un exemple pour illustrer la concrétisation de cette verticalité. Cette vision utilitaire et futuriste de la ville peine encore à convaincre tant les projets évoqués paraissent titanesques en termes de réalisation. Cependant, d’autres villes comme Paris, Ottawa, Melbourne ou encore Copenhague ont déjà fait le pari de la proximité, en s’appropriant notamment le concept de la ville du quart d’heure : une ville où tout ce dont on a besoin se trouve à 15 minutes maximum de chez soi. Une autre manière de penser la proximité, qui pave peut-être la voie à la réalisation, demain, de la ville verticale ?
Image : JBMN Architectes