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Les immeubles en bois défieront-ils un jour les gratte-ciel ?

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L’article
Temps de lecture : 4 minutes

Le bois, un matériau dans la construction réservé aux chalets et aux tiny houses ? Peu résistant, risques d’humidité, inflammable, cher…C’est tout le contraire ! Ce matériau biosourcé est encore sujet à un trop grand nombre d’idées reçues alors qu’il apparaît comme une ressource naturelle renouvelable particulièrement adaptée face aux défis écologiques et énergétiques actuels dans la construction. Les logements en bois pourraient même titiller les nuages avec des constructions en bois de grande hauteur qui viendraient se hisser aux côtés des gratte-ciel traditionnels. Démonstration.

Le bois, un matériau de construction à la pointe

Les villes verticales ont toujours fait rêver et la symbolique du gratte-ciel continue de fasciner. Si ces constructions ont parfois été des prétextes pour libérer toute l’imagination des cabinets d’architectes, leur fabrication et les matériaux utilisés ne faisaient pas débat. Ossatures en béton, poutrelles en acier, piliers métalliques sont encore déployés pour atteindre des sommets comme en témoigne la tour Burj Khalifa à Dubaï qui s’étire sur plus de 800 mètres de hauteur.

Cependant, le changement climatique en cours et la réduction des émissions de gaz à effet de serre interrogent les pratiques et l'avenir du secteur du bâtiment et ont permis aux constructeurs d’introduire d’autres matériaux plus écologiques comme le bois pour réduire l’empreinte carbone de ces bâtiments. Dans les années 2010, le bois est apparu comme un matériau biosourcé qui correspondait de plus en plus à nos aspirations contemporaines en termes de sobriété énergétique, de confort et d’esthétique.

L’argument de taille qui joue en faveur du bois repose sur le fait qu’il soit le seul matériau de construction capable de stocker du carbone sans en émettre. À l’heure où le secteur du bâtiment est sommé d’atteindre un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 (et où des solutions fleurissent de toute part), cette particularité fait mouche auprès des constructeurs. Mais comment ce matériau peut-il remplacer les structures porteuses en acier ou béton conçues pour soutenir plusieurs milliers de tonnes ?

Miser sur le bois d’ingénierie pour viser le ciel

La technique du CLT (Cross Laminated Timber) serait une méthode adaptée pour la construction de gratte-ciel en bois. Ces panneaux de bois en lamellé-croisé, constitués d’une dizaine de lames de bois collées entre elles, sont réputés pour leur résistance similaire à celle du béton, pour ses propriétés mécaniques et à sa stabilité dimensionnelle.

Cette technique encore récente présente donc de nombreux avantages dans la construction d’immeubles en bois de grande hauteur. Sans compter que la consommation d’énergie grise utilisée pour ces panneaux est beaucoup plus faible comparée à celle nécessaire pour la fabrication de l’acier et du béton. Par ailleurs, l’assemblage hors-site réduit le temps de construction sur les chantiers en bois qui sont propres, silencieux, réduisant au maximum la perturbation de la circulation urbaine.

Si l’essentiel du marché de la construction bois concerne les immeubles de moins de 28 mètres (au-delà la réglementation incendie est particulièrement contraignante), plusieurs projets d’immeubles de grande hauteur se développent dont l’un des plus emblématiques est la tour de 20 étages et 80 mètres de haut située à Skellefteå dans le nord de la Suède. Ce centre culturel  polyvalent inauguré en septembre 2021 est un véritable symbole puisque non seulement les planchers et les panneaux sont en bois apparent mais surtout l’ossature porteuse est réalisée sans béton, seules quelques structures métalliques fines viennent maintenir l’ensemble. Cette conception démontre aussi sa capacité à faire appel aux ressources locales puisque le bois utilisé, issu des forêts en gestion durable, provient d’un rayon de 200 kilomètres autour du bâtiment.

D’autres projets de gratte-ciel en bois sont en discussion notamment à Tokyo avec une tour de 350 mètres défiant les plus grands gratte-ciel actuels ou encore à Londres avec l’Oakwood Timber Tower haute de 300 mètres. Des projets en bois en cours d’éclosion qui n’ont donc rien à voir avec les tours vacillantes des Kapla de notre enfance ! Les constructions de gratte-ciel en bois sont en train de devenir une réalité et font figure de vitrine pour promouvoir des constructions bois moins ambitieuses mais bien plus nombreuses.