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Le "0 déchet" et l'économie circulaire : Le futur de la construction ?

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Le podcast
Temps de lecture : 4 minutes

Face à l’urgence environnementale, le schéma qui consistait à extraire, fabriquer, consommer et jeter ne fait plus l’immunité. Véritable alternative, l’économie circulaire a su, depuis quelques années, s’imposer dans tous les secteurs.

Mais comment appliquer les principes de ce schéma vertueux quand on pense à des chantiers générant de grandes quantités de déchets ? Quelles sont les questions à se poser en amont du chantier ? Quels sont les bénéfices de l’économie circulaire d’un point de vue environnemental, sociétal et économique ? 

    Écoutez l'épisode

    Vous, vous, ou encore vous… Vous avez entendu parler, voire même expérimenté le “0 déchet” ?

    Le principe est simple : consommer moins et mieux pour réduire au maximum ses déchets. On pense alors aux emballages réutilisables, aux cosmétiques solides, à la vente en vrac ou encore à la seconde main… Ce qui représente déjà un vrai défi pour un consommateur lambda semble alors presque utopique pour un secteur comme le BTP, qui génère à lui seul, 70% des déchets en France.

    La construction s'inspire de l'économie circulaire

    Pourtant, depuis quelques années, l’idée fait son chemin et le secteur s’inspire des grands principes de l’économie circulaire, dont les déchets font partie intégrante.

    À l’origine de ce schéma alternatif, il y a un constat devant lequel nous ne pouvons plus fermer les yeux. À mesure que la population et l’étalement urbain augmentent, la consommation et l’extraction des matières premières s’intensifient. Les conséquences - nous les connaissons tous - sont désastreuses : augmentation des prix, spéculation et émissions de gaz à effet de serre…

    L’objectif de l’économie circulaire est donc de rompre avec ce cercle vicieux en préservant les ressources naturelles, le foncier et donc le bien-être des femmes et des hommes. En quatre mots ?

    Réduire, réemployer, réutiliser, recycler

    Et les bénéfices sont nombreux : réduction des déchets, valorisation du patrimoine local, économie de ressources, création d’emplois…

    Si l’idée a de quoi séduire, comment mener des actions concrètes, quand on parle de chantiers de plusieurs milliers de mètres carrés générant une quantité de déchets ?

    Penser des bâtis dans une logique durable et sobre demande en effet de se poser un certain nombre de questions.

    Comment créer en optimisant les éléments du bâtiment existant ? Comment faire en sorte que le futur bâti soit fondamentalement utile et fonctionnel aux futurs usagers ? Comment allonger la durée de vie des matériaux ? Comment créer des synergies et mutualiser les moyens ? Comment écoconcevoir le bâtiment ? Comment assurer un approvisionnement local et bas carbone ? Et évidemment, comment optimiser la gestion des déchets ?

    Pour cocher toutes les cases d’un projet pensé sur les principes de l’économie circulaire, des actions concrètes peuvent être menées à toutes les étapes du projet ; de la programmation, en passant par la conception, la réalisation et l’exploitation.

    Plus les actions sont pensées tôt, plus l’impact sera durable

    Le chantier de La Maillerie à proximité de Lille en est l’illustration. Ce projet urbain innovant n’a pas hésité à expérimenter et à initier de nouveaux modes d’interactions entre ses habitants et les acteurs locaux. Avec la conviction qu’un quartier peut apporter des réponses aux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux d’aujourd’hui.

    Autrefois l’ancien site logistique des 3 Suisses, situé entre Villeneuve d’Ascq et Croix, ce sera demain un quartier nouvelle génération où plus 700 logements, bureaux, hôtel et école fleuriront. Grâce à une déconstruction intelligente, les matériaux ont été soigneusement triés et déposés puis réemployés. Les bétons ont par exemple été concassés puis transformés en granulats pour faire des voieries, des gabions, du nouveau béton et même du carrelage. L’un des anciens bâtiments des 3 Suisses a été conservé et accueille aujourd’hui un parking mutualisé qui a été optimisé pour accueillir, en fonction de l’horaire les véhicules des habitants ou des travailleurs de ce futur éco-quartier.

    Si nous devons mesurer l’impact carbone, Au total, ce sont 4 000 tonnes de CO² qui seront économisées grâce aux éco-solutions mises en place, soit l’impact carbone de 4 personnes pendant toute leur vie - et 30% de bâtiment conservé, donc 30% de déchets en moins sur la partie déconstruction.

    Sur un autre chantier, 185 Charles de Gaulle à Neuilly-sur-Seine, un projet de réhabilitation de bureaux, la priorité a aussi été donnée au réemploi des matériaux pour la phase de curage. 17 000 m² de moquettes, près de 500 portes, une trentaine d’armoires électriques, une dizaine de vasques et robinets ont été réemployés. D’ailleurs, cela a été l’occasion de tester des marketplaces pour la revente de mobilier et cloisons vitrées. Mais ce qui a rendu possible ces actions, c’est le diagnostic des ressources établi dès la phase commerciale, avec une identification et une coordination des différents repreneurs. Puis, le travail s’est poursuivi en phase gros œuvre pour atteindre un taux de valorisation exceptionnel de 95%, soit 100 tonnes de déchets et 80 tonnes de CO² évitées !

    L’avenir de la construction appartient à l’économie circulaire et au réemploi, cela ne fait aucun doute.

    Si hier ces initiatives relevaient de l’expérimentation, aujourd’hui, elles sont une réalité :  le marché mûrit, les investissements foisonnent, la réglementation se met en place et de nombreux acteurs qui travaillent ensemble imaginent des solutions opérationnelles pour permettre de limiter l’impact environnemental de la filière du bâtiment.