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L’architecture scolaire : reflet de l’époque et pari d’avenir

Ecole - Chaise dans une classe
L’article
Temps de lecture : 3 minutes
Avec l’augmentation de la démographie et la massification de l’apprentissage entre le XIX et le XXe siècle, les établissements sont sortis de terre sans se soucier du lien étroit entre enjeux pédagogiques et architecture scolaire. Pourtant, l’organisation de l’espace scolaire est un allié de taille pour accompagner les réformes éducatives et le changement des usages. Comment les murs de l’école moderne peuvent répondre aux problématiques pédagogiques, environnementales et sanitaires de notre époque ? 

Pour des établissements scolaires plus résistants et résilients

Vous vous souvenez de la dernière fois que l’on s’est préoccupé de pédagogie spatiale à une heure de grande écoute ? Déconfinement, juin 2020. Comment élèves et enseignants allaient-ils cohabiter avec le virus ? Comment le contourner, suivant quel parcours, quelle répartition dans les classes ? Un casse-tête pour l’Education Nationale, qui a révélé au grand jour les difficultés que rencontrent certains établissements à proposer, indépendamment de la pandémie, un aménagement de l’espace scolaire propice à l’apprentissage. Et pour aller plus loin, un bâtiment pensé comme un lieu de vie avec la fonction politique et sociale que l’école endosse. Si ce patrimoine du bâti scolaire d’aujourd’hui ne correspond pas toujours aux usages et aux normes éducatives actuelles, ses structures ont été conçues, majoritairement entre les années 50 et 70, pour accueillir le plus grand nombre d’enfants et d’adolescents, et les salles de classe pensées pour prodiguer un enseignement classique, à savoir rangées, bureaux alignés et professeurs sur l’estrade. Seulement, l’introduction du numérique dans les apprentissages et les recommandations de travail en petits groupes au sein de chaque classe, par exemple, redessinent le visage de l’école. Sans compter que les espaces, rationalisés et verrouillés, étouffent leurs usagers. La difficulté consiste à concevoir un lieu à la fois durable et mouvant au rythme des évolutions pédagogiques, des réformes de l'Éducation nationale, des comportements citoyens et des besoins de la ville qui est de plus en plus en demande d’espaces complémentaires pour ses habitants comme les gymnases, la bibliothèque ou les salles informatiques accessibles le week-end. En clair, le maître-mot est l'ouverture : ouverture des espaces, ouverture aux autres, ouverture à son environnement. On attend de l’école qu’elle œuvre davantage pour l’inclusion et l'altérité, s’adapte aux paysages et au territoire, plutôt qu’elle ne les sculpte, tout en tenant compte du contexte climatique actuel. 

 

Espaces bienveillants et bien-être scolaire

L’école de demain est-elle prête à relever tous ces défis ? À en croire la description du collège de Bordeaux Belcier, que l’on peut lire sur la plateforme de réflexion sur le bâti scolaire mise à disposition par l’Education Nationale, ce lieu, construit dans une démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE), témoigne des nouveaux enjeux pédagogiques et sociétaux. Équipements hydro-économes, espaces mutualisés mis à disposition des associations locales, structures extérieures propices à la mixité filles-garçons… Le collège de ce quartier en pleine mutation semble cocher toutes les cases de l’établissement idéal. Vient alors la question de la réorganisation du bâti existant. Si une école peut mettre jusqu’à huit ans entre sa réflexion et sa réalisation, des aménagements très simples comme la végétalisation des cours de récréations ou l’achat de mobilier flexible pour que les enfants composent des petits groupes de travail peuvent être des réorganisations des espaces à la marge qui favorisent l’apprentissage, le collectif et voire contribuer à la réalisation de soi, une gageure qui traverse les époques et épouse les principes les plus anciens de l’école de la République.