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Biomimétisme : quand les bâtiments deviennent vivants

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Le podcast
Temps de lecture : 4 minutes
Vous vous promenez sur les hauteurs de votre ville... Soudain, vous distinguez à l’horizon ce qui ressemble à un poumon de verdure… C’est en fait un bâtiment, dont la structure est composée de bois, et qui arbore une façade et une toiture totalement végétalisées. Détonant dans ce paysage urbain, il semble pourtant se fondre dans le parc auquel il est accolé...  Vous venez d’entrer dans l’ère du biomimétisme !
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    La machine à vivre, ça vous dit quelque chose ?  Depuis plusieurs décennies, la pensée de Le Corbusier est omniprésente dans l’architecture : ce visionnaire voyait dans celle-ci un moyen de rendre les bâtiments plus pratiques et plus fonctionnels. 
    En 1924, il écrivait déjà qu’...

    une maison doit être comme une auto, conçue et agencée comme un omnibus ou une cabine de navire”. 


    Cette vision inédite à l’époque a influencé toute une génération d’architectes qui puisait son inspiration pour de nouveaux projets dans les bâtiments déjà construits. 
    Mais la meilleure source d’inspiration ne se trouverait-elle pas dans la Nature ? 
    C’est le pari du biomimétisme. Imiter le vivant nous permettrait de répondre aux défis du bâtiment, notamment dans le contexte du dérèglement climatique, d’érosion de la biodiversité et d’épuisement des ressources naturelles. Le biomimétisme nous invite à construire autrement, pour et avec la Nature, en s’inspirant de ses formes, de ses matériaux, des interactions entre les différentes espèces d’un environnement donné, ou encore du fonctionnement global d’un écosystème. Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que la Nature est certes paresseuse, mais surtout intelligente. 

    Autrement dit, quand elle doit faire face à certains problèmes, elle s’arrange toujours pour trouver des solutions qui utilisent le moins de ressources possibles mises à sa disposition. Nous autres humains, à l’inverse, tendons pour résoudre nos problèmes, à faire preuve d’une ingéniosité basée sur la surexploitation des ressources, tenant rarement compte de leur éventuel épuisement. 

    À l’heure où les villes comptent pour 78 % de la consommation énergétique mondiale et produisent plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre, les productions basées sur le biomimétisme nous ouvrent de nouvelles perspectives. La solution aux défis de l’époque pour la préservation de notre planète serait-elle dans la Nature, juste sous nos yeux ?  Le vivant constituerait-il une base de données gigantesque dont nous pourrions tirer les leçons afin d’éviter la catastrophe en cours ? Eh bien oui ! 

    En alliant le meilleur de la technologie humaine, le meilleur de la Nature et de ses 3,8 milliards d’années d’évolution et d’adaptation, le biomimétisme ouvre à la ville de demain un nouveau champ des possibles. Prenons l’exemple de la thermorégulation d’une maison ou d’un bureau : dans plusieurs zones sur la planète, la température peut être de -10 degrés pendant la nuit, et monter jusqu’à 30 degrés au cours de la journée. Alors comment maintenir une température constante à l’intérieur de ces bâtiments et faire des économies d’énergie ? 

    Le biomimétisme pourrait nous inviter à chercher du côté des termites. Ils réussissent l’exploit de construire un habitat thermorégulé par un système de cheminées faisant circuler au même moment de l’air chaud et de l’air froid. La termitière maintient alors sa température à 21 degrés toute l’année, en été comme en hiver, le jour comme la nuit. Brillant n’est-ce-pas ? 

    Il existe des centaines d'autres applications d'architectures biomimétiques, comme par exemple s’inspirer de la forme des fleurs pour recueillir l’eau de pluie, ou s’inspirer de leur capacité d’ouverture et fermeture en fonction du soleil pour imaginer des pare-soleils, qui se ferment quand la chaleur devient trop forte. Les inspirations sont infinies !

    En 2050, l’ONU estime que 2 tiers de la population mondiale vivra en milieu urbain, contre une personne sur deux aujourd’hui. Cette croissance démographique importante posera et pose déjà pour la ville des défis importants sur les questions de l’énergie, du logement, des transports, des services publics comme la santé ou l’éducation. 

    Pour faire face à cette nouvelle densité urbaine, le biomimétisme peut s’avérer un outil particulièrement puissant. 

    • Il permet de limiter l’étalement urbain en pensant cette densification urbaine comme verticale, grâce à des bâtiments plus hauts, construits sur des structures porteuses légères et creuses inspirées du squelette des oiseaux ; 
    • Implanter des essences végétales qui se complètent afin de purifier l’air et de séquestrer les émissions de carbone ; 
    • Ou encore de recréer un cycle de l’eau urbain vertueux et économe en s’inspirant du rôle de la végétation et du sol dans le cycle de l’eau naturel… 

    Voilà autant d’exemples concrets de biomimétisme qui permettront à la ville d’être pensée demain comme un écosystème se construisant dans une union avec la Nature, et non dans une dépendance à ses ressources.

    Aujourd’hui, nous sommes convaincus que le futur de la construction passera par le développement à tous les niveaux du biomimétisme. En intégrant la Nature à nos réflexions et à nos pratiques dans le secteur du bâtiment, nous reconnecterons nos villes au monde du vivant, et construirons à travers elles un futur plus soutenable, et plus désirable.